Les cépages oubliés encore cultivés dans les vignes d’Anjou
Le vignoble angevin regorge de pépites qui ne demandent qu’à être redécouvertes. Voici un aperçu de ces cépages rares qui subsistent dans les rangs de vigne.
1. Le pineau d’Aunis : une perle discrète mais affirmée
Le pineau d’Aunis est sans doute l’un des cépages rares les plus emblématiques de la région. Originaire du Val de Loire, il est cultivé depuis le Moyen Âge, mais a vu ses surfaces fortement décroître à partir du XXe siècle au profit du cabernet franc.
- Profil gustatif : Ce cépage offre des vins rouges ou rosés légers, souvent marqués par des notes épicées, de poivre blanc, voire de fruits rouges.
- Superficie : Aujourd’hui, on ne compte que quelques dizaines d’hectares de pineau d’Aunis en Anjou. On le retrouve notamment dans certaines cuvées confidentielles d’appellations comme Anjou rouge ou Rosé de Loire.
Il est idéal pour ceux qui aiment les vins subtils et expressifs, souvent très digestes. Son retour en grâce auprès des amateurs de vins "de niche" pourrait bien encourager davantage de vignerons à le replanter.
2. Le grolleau : bien plus qu’un cépage "rosé"
Le grolleau, souvent associé à la production de rosés d’Anjou, est aujourd’hui en train de se réinventer. Longtemps considéré comme un cépage de rendement plutôt que de qualité, il connaît un regain d’intérêt grâce à une approche plus qualitative.
- Origine : Très ancien, ce cépage noir tient son nom du mot "grolle", qui signifie corneille en vieux français en raison de la couleur noire intense de ses baies.
- Saveurs : En vin rouge, il peut donner des notes de fruits noirs, tandis qu’en rosé, on retrouve une belle fraîcheur et des arômes de fraise ou de groseille.
Des domaines angevins commencent à le valoriser à nouveau dans des cuvées mono-cépages, en limitant drastiquement les rendements pour tirer le meilleur de ce cépage longtemps mal-aimé. Une belle leçon de patience et de redécouverte.
3. Le menu pineau : une rareté presque disparue
Le menu pineau, parfois appelé orbois, est un cépage blanc qui compte parmi les plus rares encore cultivés dans le vignoble angevin. Historiquement présent dans les assemblages de vins blancs ou pétillants, il a été majoritairement remplacé au fil du temps par des cépages comme le chenin blanc.
- Particularité : Il se distingue par une acidité modérée et des arômes de pomme fraîche et de fleurs blanches.
- Présence : On peut encore en trouver dans d’anciennes parcelles, souvent chez des vignerons passionnés qui souhaitent conserver ce témoin du passé.
Sa disparition aurait réduit la palette aromatique des vins de la région. Heureusement, quelques producteurs travaillent à sa réhabilitation.
4. Les cépages oubliés dans les vieux vignobles des Mauges
Dans les Mauges, certains "vieux vignobles" remontant à plusieurs générations renferment des cépages oubliés. Parmi eux :
- Romorantin : Cépage rare davantage connu en région Centre, mais parfois retrouvé dans des parcelles oubliées d’Anjou.
- Verdelho : Originaire du Portugal, il a pu être planté historiquement dans cette région grâce aux échanges de plants auxquels participaient des marins et commerçants.
Ces cépages sont parfois retrouvés au hasard de la restauration de vieilles parcelles, offrant des opportunités uniques de dégustations et un lien direct avec l’histoire viticole locale.