À la découverte des cépages rares et oubliés du vignoble angevin


17 mai 2025

Pourquoi s'intéresser aux cépages rares du vignoble angevin ?

Les cépages rares ou oubliés sont une partie intégrante du patrimoine viticole d’Anjou, mais aussi des Mauges. Certains d'entre eux ont été négligés au profit de variétés plus productives ou plus demandées sur le marché. Pourtant, ils offrent à la fois une diversité aromatique et une résilience qui méritent le détour. Avec les changements climatiques, ces cépages dits oubliés pourraient même jouer un rôle stratégique en raison de leur adaptabilité à des conditions plus extrêmes.

Redécouvrir ces cépages, c'est aussi rendre hommage aux vignerons qui font le choix courageux de les cultiver aujourd'hui. Ce travail, parfois proche de la recherche archéologique, constitue une véritable sauvegarde du patrimoine viticole local face à la mondialisation et à l’uniformisation des goûts.

Les cépages oubliés encore cultivés dans les vignes d’Anjou

Le vignoble angevin regorge de pépites qui ne demandent qu’à être redécouvertes. Voici un aperçu de ces cépages rares qui subsistent dans les rangs de vigne.

1. Le pineau d’Aunis : une perle discrète mais affirmée

Le pineau d’Aunis est sans doute l’un des cépages rares les plus emblématiques de la région. Originaire du Val de Loire, il est cultivé depuis le Moyen Âge, mais a vu ses surfaces fortement décroître à partir du XXe siècle au profit du cabernet franc.

  • Profil gustatif : Ce cépage offre des vins rouges ou rosés légers, souvent marqués par des notes épicées, de poivre blanc, voire de fruits rouges.
  • Superficie : Aujourd’hui, on ne compte que quelques dizaines d’hectares de pineau d’Aunis en Anjou. On le retrouve notamment dans certaines cuvées confidentielles d’appellations comme Anjou rouge ou Rosé de Loire.

Il est idéal pour ceux qui aiment les vins subtils et expressifs, souvent très digestes. Son retour en grâce auprès des amateurs de vins "de niche" pourrait bien encourager davantage de vignerons à le replanter.

2. Le grolleau : bien plus qu’un cépage "rosé"

Le grolleau, souvent associé à la production de rosés d’Anjou, est aujourd’hui en train de se réinventer. Longtemps considéré comme un cépage de rendement plutôt que de qualité, il connaît un regain d’intérêt grâce à une approche plus qualitative.

  • Origine : Très ancien, ce cépage noir tient son nom du mot "grolle", qui signifie corneille en vieux français en raison de la couleur noire intense de ses baies.
  • Saveurs : En vin rouge, il peut donner des notes de fruits noirs, tandis qu’en rosé, on retrouve une belle fraîcheur et des arômes de fraise ou de groseille.

Des domaines angevins commencent à le valoriser à nouveau dans des cuvées mono-cépages, en limitant drastiquement les rendements pour tirer le meilleur de ce cépage longtemps mal-aimé. Une belle leçon de patience et de redécouverte.

3. Le menu pineau : une rareté presque disparue

Le menu pineau, parfois appelé orbois, est un cépage blanc qui compte parmi les plus rares encore cultivés dans le vignoble angevin. Historiquement présent dans les assemblages de vins blancs ou pétillants, il a été majoritairement remplacé au fil du temps par des cépages comme le chenin blanc.

  • Particularité : Il se distingue par une acidité modérée et des arômes de pomme fraîche et de fleurs blanches.
  • Présence : On peut encore en trouver dans d’anciennes parcelles, souvent chez des vignerons passionnés qui souhaitent conserver ce témoin du passé.

Sa disparition aurait réduit la palette aromatique des vins de la région. Heureusement, quelques producteurs travaillent à sa réhabilitation.

4. Les cépages oubliés dans les vieux vignobles des Mauges

Dans les Mauges, certains "vieux vignobles" remontant à plusieurs générations renferment des cépages oubliés. Parmi eux :

  • Romorantin : Cépage rare davantage connu en région Centre, mais parfois retrouvé dans des parcelles oubliées d’Anjou.
  • Verdelho : Originaire du Portugal, il a pu être planté historiquement dans cette région grâce aux échanges de plants auxquels participaient des marins et commerçants.

Ces cépages sont parfois retrouvés au hasard de la restauration de vieilles parcelles, offrant des opportunités uniques de dégustations et un lien direct avec l’histoire viticole locale.

Le défi de cultiver ces cépages : entre passion et réalité

Les cépages rares ne font pas que créer des vins originaux, ils posent aussi des défis techniques et économiques. En effet, leurs faibles rendements ou leur sensibilité à certaines maladies peuvent compliquer leur culture, et les consommateurs ne les connaissent pas toujours. Les vignerons qui s’engagent dans cette démarche font donc œuvre de militantisme, cherchant à proposer des vins différents et à sensibiliser le public.

Ces cépages permettent aussi de répondre à des enjeux actuels, comme l’adaptation au réchauffement climatique. Certains d’entre eux, moins exigeants en eau, pourraient jouer un rôle déterminant pour l’avenir de la viticulture dans des climats plus chauds.

Envie de déguster un vin issu de cépages rares ?

Si cet article a éveillé votre curiosité, pourquoi ne pas partir à la découverte de ces vins oubliés ? Quelques vignerons prodigieux du vignoble angevin proposent des cuvées issues de ces variétés rares. Il suffit parfois de demander la "petite pépite" de la maison lors d’une visite ou d’une dégustation au domaine.

Soutenir ces initiatives, c’est aussi encourager la biodiversité et la perpétuation d’une viticulture humaine et respectueuse des traditions. N’oublions pas que l’Anjou, au-delà de ses grands classiques, reste une terre d’expérimentations et d’histoires ancestrales. La prochaine fois que vous remplirez votre verre, demandez-vous si un cépage rare ne s’y cache pas ; il pourrait bien être l’essence même d’un goût inoubliable.

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