Innovations et expérimentations : ce qui façonne l’avenir du vignoble angevin


28 avril 2025

L’essor des cépages oubliés

Connaissez-vous le pineau d’aunis ou le grolleau gris ? Ces cépages, autrefois dominants dans la région, sont aujourd’hui relégués au rang de curiosités. Pourtant, ils connaissent un regain d’intérêt chez certains vignerons angevins, soucieux de renverser la dominance des cépages dits "internationaux".

Des domaines comme Le Champs des Vignes, près de Cholet, travaillent sur des microcuvées de pineau d’aunis vinifié en rouge. Autre initiative notable : certains vignerons revalorisent le grolleau gris dans des rosés gastronomiques. Ces expérimentations prennent parfois racine dans une volonté de lutte contre l’uniformisation des arômes, tout en répondant à un intérêt croissant des amateurs pour des vins atypiques.

À noter également, certaines parcelles testent des cépages venus du sud de la France comme le grenache ou la syrah. Pourquoi ? Parce que le réchauffement climatique transforme notre vision du vignoble. Certains se préparent dès aujourd’hui à des vendanges plus précoces et à des degrés alcooliques plus élevés.

Les vins nature au cœur des débats

Le mouvement des vins nature, qui bannit toute intervention chimique dans les vignes et à la cave, s’installe progressivement en Anjou. Les pionniers de cette philosophie, comme Richard Leroy ou les frères Mosse, sont déjà reconnus à l’international. Mais de nouveaux entrants enrichissent la scène viticole angevine, adoptant des pratiques radicalement opposées à celles de la viticulture conventionnelle.

Certains domaines, comme le Domaine des Vignes Hautes, travaillent sur des cuvées sans levurage, ni sulfites ajoutés. L’objectif est clair : produire des vins au plus près de la vérité du terroir. Mais ces pratiques ne sont pas sans risques. Les échecs sont fréquents et les arômes instables peuvent dérouter.

Grâce à cela, on redécouvre des profils aromatiques uniques souvent considérés comme impossibles à atteindre avec des vinifications standardisées. Paradoxalement, ces démarches attirent des consommateurs jeunes et explorateurs, souvent séduits par cette quête d’authenticité.

L’agroforesterie dans les vignes : retour aux sources

On savait déjà que les vignerons angevins étaient parmi les premiers en France à initier la conversion vers le bio et la biodynamie : près de 40 % du vignoble est certifié ou en cours de certification biologique, un chiffre impressionnant. Mais depuis quelques années, plusieurs domaines vont plus loin avec l’implémentation de l’agroforesterie.

L’agroforesterie ? C’est l’art d’introduire arbres et arbustes au milieu de la vigne. Un exemple frappant : au Domaine des Boires, on a planté des lignes d’arbustes et même quelques grands fruitiers au cœur de parcelles dédiées au Chenin. Pourquoi cette démarche ? Ces plantations peuvent offrir de nombreux bénéfices :

  • Briser les vents et limiter l’érosion des sols
  • Favoriser la biodiversité en attirant oiseaux et insectes utiles
  • Limiter le stress hydrique grâce à l’ombre des arbres

Cette pratique, en plus de répondre aux défis environnementaux, reconnecte la vigne à son écosystème, une philosophie que certains associent à une meilleure expression du terroir.

Pétillants naturels : l’héritage revisité

Les pétillants naturels, ou pét-nats, connaissent un engouement mondial. Ces vins effervescents, produits par une fermentation unique et sans ajout de sucre, se démarquent par leur fraîcheur et leur spontanéité. Mais ce sont surtout les vignerons d’Anjou qui ont joué un rôle essentiel dans leur réinvention moderne.

C’est notamment le cas dans la région de Saumur et de Tigné où l’on observe un florilège de cuvées pétillantes dévoilant une nouvelle facette des cépages locaux. Des noms comme La Goutte à Bulles ou Les Éphémères sont déjà devenus des étiquettes cultes parmi les amateurs de nouvelles explorations en cave.

Le succès des pét-nats démontre une chose : les consommateurs recherchent aujourd’hui des vins authentiques, pas (ou peu) modifiés, et agréables à déguster dès l’achat, sans attendre des années.

Les vins oranges prennent racine en Anjou

À mi-chemin entre un vin blanc et un rouge, le vin orange intrigue. Pour rappel, ces vins sont issus d’une macération pelliculaire prolongée des raisins blancs, ce qui leur donne plus de structure, de tanins et une robe ambrée. S’ils sont encore peu présents en Anjou, des projets pilotes émergent peu à peu, un phénomène récent, mais prometteur.

Le Domaine de Roche, par exemple, expérimente avec des cépages comme le Chenin ou le Melon de Bourgogne, donnant naissance à des cuvées complexes, parfois surprenantes mais toujours captivantes. Ces initiatives rejoignent une tendance mondiale autour de la macération de vins blancs, souvent vue comme un retour à des méthodes ancestrales.

Vers une viticulture de demain, enracinée dans l’Anjou

En observant ces multiples expérimentations, une question émerge : jusqu’où ira l’Anjou dans son envie d’innover tout en valorisant ses racines traditionnelles ? L’attirance pour le passé, symbolisée par les cépages oubliés et la biodynamie, rencontre l’urgence pressante d’un avenir durable face aux défis environnementaux, un cocktail explosif et passionnant.

Ce qui est certain, c’est qu’Anjou viticole ne cesse jamais de surprendre. Pour les curieux et les amateurs de découvertes, ces expérimentations ne pourront qu’élargir vos horizons gustatifs. La prochaine fois que vous ouvrirez une bouteille des Mauges ou des alentours, prêtez une attention particulière : peut-être goûterez-vous un morceau de cette effervescence créative qui anime nos coteaux aujourd’hui.

En savoir plus à ce sujet :